Le Blason de Sainte Radegonde réunit les symboles de son origine et de son histoire. Celui présent sur le fronton de la mairie depuis 1987, est l’œuvre du sculpteur Eric VALAT, enfant de la commune.

La crosse épiscopale

Sainte Radegonde est une très ancienne dépendance des évêques de Rodez : les archives parlent déjà vers 1200 de « Santa Ratgunz ». Sans seigneur résidant, mais sous l’autorité toute proche de l’évêque, représenté par un capitaine, la population put construire un fort pour se défendre des bandes ennemies : c’était vers la fin du XIVème siècle, encore au début de la guerre de cent ans. Cette forteresse-refuge avec une quarantaine de chambres fut élevée au-dessus de l’église même, comme pour cumuler la double protection des murs et du lieu-saint. Lorsqu’il fallut doter le collège récemment créé à Rodez, l’évêque céda à ce dernier, le prieuré de Sainte Radegonde, vers la fin du XVIème siècle, mais conserva jusqu’à la Révolution la seigneurie et la haute justice. L’autorité de l’évêque est symbolisée par la crosse, bâton à volute du berger.

Le bras reliquaire

Mais, il a paru bon d’enrichir le symbole par une allusion plus directe au village rouergat. A la mort de la Sainte, les malades affluèrent à Poitiers auprès de son tombeau. Dans l’église de Sainte Radegonde, une peinture murale représentant des pèlerins rappellerait, selon certains, l’extraordinaire ferveur qui s »était développé en Poitou. Selon d’autres, la scène se rapporterait à la dévotion locale. En effet, si le village porte le nom de la sainte, c’est qu’il a eu la chance d »hériter d’un fragment de son bras. Ce fut le début de sa renommée.

En raison de cette relique, on fit faire (et refaire) un bras reliquaire en argent et les pèlerins perclus venaient prier la sainte, demandant le soulagement de leurs misères. S’ils obtenaient guérison, ils laissaient en ex-voto une béquille ou une figuration du membre guéri. C’est exactement la scène peinte dans l’église. Ainsi le sceptre devenu bras reliquaire sur le blason évoque le patronage bienfaisant de la reine et la spécialisation qu »elle s »était acquise auprès des fidèles.

Blason de Sainte-Radegonde

La couronne royale

La Sainte Patronne de l’Eglise et du village de Radegonde, naquit en 519 et mourut à Poitiers le 13 avril 587. Elle était la fille de Berthaire, roi de Thuringe (Saxe). Elle épousa Clotaire 1er,  roi de Soissons (538), puis se retira à Poitiers où elle fonda le monastère de Sainte-Croix, donnant l’exemple de toutes les vertus. Une couronne et un sceptre pourraient symboliser sa royauté.

En 1627, un jésuite de Rodez, originaire de Poitiers, Joseph Dumontier, voulut faire connaître l’Histoire de la vie incomparable de Sainte Radegonde, reine de France. Il avait d’autant plus de raison de le faire que le prieuré rouergat appartenait, comme nous l’avons vu, aux jésuites de Rodez. Il publia sous ce titre, à Rodez, un ouvrage dédié à l’abbesse de Sainte Croix de Poitiers, Charlotte de Naussau, princesse d’Orange. Après que les jésuites eurent été interdits (1762), le Collège de Rodez devint collège royal, et il conserva le prieuré de Sainte Radegonde. Il y avait, décidément, une nouvelle raison de placer tout en haut une couronne.

La forme du blason s’inspire de celle qui figure au XIIIème siècle sur les sceaux des Comtes de Rodez. Elle est contemporaine des premières mentions de Sainte Radegonde.

D’après Jean DELMAS (ancien Directeur des Archives Départementales de l’Aveyron).